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L'amour en guerre

26 janvier 2007

A mes côtés

Le jour J est arrivé hier. Quelques angoisses alors que les dernières lettres d'autorisation pour son entrée sur le territoire jordanien ne sont pas prêtes. Juste à temps, une heure avant son arrivée, son nom est envoyé avec approbation à l'aéroport. Tout devrait aller sans problème.

Je me présente donc à l'aéroport comme à mon habitude pour l'accueillir. Alors que il sort normalement relativement vite, j'attends j'attends et ne voit personne venir. Une certaine angoisse me tient le ventre, et si il n'obtenait pas le visa.. Je finis par prendre mon téléphone.

T'es ou bordel?

Les cons, ils m'ont rejeté!

Mon coeur en un instant s'effondre. Mes joies mes espoirs, à la trappe.

Avant qu'il se mette à rire... j'arrive, 2 minutes.

Je l'ai en chair et en os dans mes bras, en un seul morceau comme il aime me rappeler.

Retour express à la maison ou l'on se retrouve enfin.

J'ai préparé quelques surprises pour son anniversaire, soufflage de bougies, cadeau, gateau et bon repas, il en est tout excité. Le reste, c'est pour nous deux.

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25 janvier 2007

Sans détour

Tout n'est pas encore fin prêt pour son voyage: la lettre d'invitation de l'organisme qui organise la conférence est arrivée, mais reste encore à recevoir la lettre du ministère de l'intérieur qui l'autorisera à rentrer dans le pays. Il ne reste que quelques heures avant son voyage, nous croisons les doigts pour l'obtenir avant ou sinon il se peut qu'il rencontre des problèmes pour rentrer sur le territoire jordanien.

Je l'ai plusieurs fois dans la journée et il m'avoue ce soir qu'il est au bout du rouleau. 10 jours en enfer et il craque. Moins de 24h et il sera sorti de la bas. OUF.

Aujourd'hui c'était son anniversaire. Il a fait le trajet de Kirkuk à Suleymania, ville où il prendra son avion. Il loge chez sa tante qui n'a rien prévu pour celà. Sa famille à Bagdad a fêté son anniversaire sans lui. Son père est allé acheter un gateau et sa mère a préparé un excellent diner. Une occasion pour oublier un peu le noir du quotidien.

Ce n'est pas grâve, nous le fêterons demain tous les deux, insh'allah, si dieu le veut. Ou plutot, si les autorités jordaniennes le veuillent.

24 janvier 2007

Patience Patience

Mes journées sont passées à attendre. Je me cherche des occupations, je m'oblige à travailler, mais mon coeur n'y est pas. Attendre son retour, compter les minutes, compter les heures et décompter les jours.

Le manque de communication me pèse, il est aussi tendu alors qu'il n'arrive pas à me joindre. Je suis son moment d'évasion, il peut enfin rêver aux jours tranquilles que nous allons bientôt partager.

Il est ainsi impossible de savoir comment il va, ce qu'il ressent, il n'en dit pas mot. Il m'a déjà expliqué une fois qu'il ne veut pas me faire partager la douleur de vivre en Irak. Je m'inquiète de ne pas savoir exactement comment il va. Il me racontera, quand il sera la.

Résiste t-il ou se brise t-il? Je voudrais être là pour sécher les larmes qui coulent sur ses joues. Il ne peut rien faire pour arrêter les miennes.

22 janvier 2007

Tensions et kidnapping

Je l'ai ce soir en ligne de mauvaise humeur. Pourquoi tu ne m'as pas appelé pour savoir si tout va bien? Tu t'en fous de savoir comment je vais et patati et patata.

Sa mauvaise humeur est flagrante quand il est en Irak, la tension ne s'allège pas une minute et ses réactions sont vives et démesurées. Je n'imagine pas le niveau de stress auquel sont soumis les irakiens qui n'ont pas mis les pieds hors d'Irak depuis 2003, pour souffler ne serait ce que quelques jours.

Sa mauvaise humeur s'explique vite: le fils de son cousin a été kidnappé il y a deux jours. 10 ans. Les kidnappeurs demandent une rançon de 600.000$. Les sommes augmentent de jour en jour. Avant on pouvait libérer un membre de sa famille pour 10.000$, voyez l'inflation!

Pas de décisions prises pour l'instant, il est certain que la famille entière ne peut pas rassembler une telle somme, reste à négocier pour faire baisser le prix.

Le cercle de la violence se restreint de jour en jour, elle touche maintenant plus seulement les voisins, mais la famille proche. Il doit autant que moi compter les jours pour s'évader de cette vie infernale et revenir en Jordanie.

21 janvier 2007

Tout s'explique

Pas de nouvelles pendant 1 jour et demi. Evidemment, cela fait cogiter. Que se passe t-il? Les communications ne passent pas, je finis par abandonner.

C'est un peu plus tôt cet après-midi que je recois des nouvelles. Pas de réseau télécom pendant 1 jour et demi! Ben voyons, c'est aussi simple que celà, et pendant ce temps, y'en a qui s'inquietent.

Pas grandes news, les journées passent, mais à deux à l'heure. Dans quatre jours il devrait être de retour.

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19 janvier 2007

Attente en silence

Journée calme où j'essaie de me mettre à travailler sans aucun succès.

N'ayant pas de nouvelles de M. aujourd'hui, je me décide à l'appeler ce soir. Il est en pleine forme, je le dérange au milieu de sa partie de foot sur playstation avec son frère. Il est agité comme une puce, tout content que la journaliste de la BBC avec qui j'étais en contact l'ait appelé. Au programme, expliquer la situation à Bagdad et à Kirkouk, partager les angoisses de la vie au jour le jour dans un tel contexte. Il a l'air d'avoir longuement parlé avec la journaliste, elle m'a dit un peu plus tôt qu'ils recherchent un correspondant irakien, ca pourrait pourquoi pas faire l'affaire! A suivre, en attendant, son quotidien va être publié sur le site internet de la BBC.

Ca me fait plaisir de l'entendre dans cet état, il oublie pour quelques instants ses angoisses et ses soucis.

Et moi je suis toute seule de mon côté à essayer de pondre ce document qui doit être bouclé pour demain soir !! Gggrrr

18 janvier 2007

En attente

Je suis réveillée ce matin par un texto sympa, vite je suis sur le messenger.

Je saute de mon lit pour enfin pouvoir lui parler un peu plus longuement. On se retourne les questions: tout va bien? oui et toi tout va bien? oui et toi tout est ok? oui oui mais toi dis moi comment tu vas? Evidemment on ne s'éloigne jamais du travail car le temps est compté, as tu fais ceci, regarde cela, je vais faire ca, tout va bien?

Il a tout de même le temps de me promettre qu'il n'essaiera pas du tout d'aller à Bagdad et de me dire oh combien il profite de la cuisine de sa belle soeur...

Ce soir, un coup de téléphone de notre collègue H. qui a enfin réussi à rentrer en Jordanie et qui a la grande joie de retrouver sa femme qui a entre temps accouché. Il découvre son fils et m'appelle pour me faire partager sa joie.

Il me demande évidemment des nouvelles de M. Si tout va bien, à la fin de la semaine prochaine nous devrions tous être réunis à Amman. Mon coeur se gonfle à la pensée qu'il faut encore attendre quelques jours pour celà. Pourvu qu'il arrive à venir sans obstacles.

17 janvier 2007

RAS

Les nouvelles sont pauvres aujourd'hui. Le réseau est mauvais à Kirkuk, pas d'accès internet ni de téléphone.

Je l'ai quelques secondes au téléphone ce soir, il vérifie si tout va bien.

J'ai eu un ami cet après midi en ligne qui voit rouge lorsque je lui dis qu'il est reparti pour l'Irak. Pourquoi as t-il fait ca? Je lui avais dit de ne pas retourner! Pourquoi l'as tu laissé aller la bas?

C'était son souhait, et j'ai bien essayé de le convaincre, rien à faire. Les kurdes sont connus pour être têtus, pires que des bourriques. Tout ce que j'ai obtenu, c'est sa promesse de ne pas aller à Bagdad, pas tout de suite.

Même Kirkouk n'est pas signe de sécurité, une explosion a fait dix morts aujourd'hui.

8 jours avant son retour, le principale obstacle maintenant, c'est d'être autorisé à rentrer en Jordanie, ce qui est devenu un calvaire pour les irakiens.

16 janvier 2007

La plus belle promesse

La journée commence mal. Je n'ai pas beaucoup dormi cette nuit, mon cerveau est agité et je suis remplie d'inquiétude.

Les nouvelles tombent les unes après les autres. Une attaque sur un marché de Bagdad puis un énorme double attentat devant une université de Bagdad faisant plus de 70 morts, sans parler d'une fusillade dans un quartier Nord de la capitale.

Et il doit partir demain matin!

Je l'ai quelques minutes en ligne alors qu'il se connecte avec son téléphone mobile en début de soirée: ma famille va bien, la fusillade était dans mon quartier, deux de mes amis ont été tués, j'ai annulé mon voyage de demain. Je souffle, mais je ne peux m'empêcher de lui demander à quand il l'a reporté. Il me promet enfin qu'il n'ira pas à Bagdad, pas maintenant.

Je respire car je ne pense qu'à lui, mais sa famille reste en danger maximum. Il m'avoue ne pas avoir la tête à travailler, je voudrais pouvoir être à ses côtés.

15 janvier 2007

Départ

Il est reparti dans son pays en guerre, mon estomac est noué. Ce n’est que pour 10 jours seulement et il devrait me revenir. Chaque fois les départs sont plus durs. Est-ce parce que je m’attache de plus en plus ? Ou est ce parce que je sais que les risques sont plus grands ?

Je n’ai pas su retenir mes larmes cette fois. Je l’entraîne dans ma faiblesse et ses yeux brouillés m’indiquent qu’il est tout autant secoué. Pour la première fois ces dernières semaines, il m’a parlé de ses peurs sur la route entre Bagdad et Kirkuk, entre les bombes et les insurgés. La peur, le pire fléau qui existe, l’a rattrapé.

Il est obligé de retourner à Bagdad : voir sa famille qu’il n’a pas vue depuis 3 mois, la convaincre de partir de Bagdad, et prendre l’argent sur son compte en banque. Je ne resterai pas la bas plus de 2 jours, je te le promets. Deux jours pendant lesquels tout peut arriver, deux jours où les minutes vont durer des heures. A la pensée de ces deux jours, mon cœur en est malade.

Inquiétude aussi qu’il ne puisse pas me revenir. Beaucoup d’irakiens sont refoulés à la frontière, trop de réfugiés. Et si cette fois, ils ne le laissaient pas passer ?

Des scénarios d’horreur défilent sans cesse devant mes yeux. Il faut que cette semaine passe au plus vite, pour être à nouveau soulagée.

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